Phylogénie

Les chimpanzés appartiennent à la famille taxonomique des grands singes, aussi appelée « Hominidae ». Cette famille est composée de 7 espèces vivantes classées en 4 genres. Les grands singes sont grands de taille et ne possèdent pas de queue, ils se caractérisent par un large cerveau. Le plus petit est le bonobo (poids moyen entre 30 et 40 kg) et le plus grand est le gorille (peut atteindre jusqu’à 140 – 180 kg).

Les mâles sont généralement plus grands et forts que les femelles. Les grands singes sont en majorité quadrupèdes mais peuvent aussi marcher debout sur de courtes distances. Ils sont très agiles de leurs mains qu’ils utilisent pour trouver de la nourriture, construire leurs nids et même dans certains cas, utiliser des outils. La plupart des espèces sont omnivores mais les fruits restent leur nourriture préférée.

Les grands singes ont tous une gestation de 8 – 9 mois et les mères donnent généralement naissance à un seul petit. Parfois, comme chez les humains, il arrive que des jumeaux naissent. Tout comme les bébés humains, les grands singes nouveau-nés ont besoin de soins constants de leur mère pendant de longues périodes. Les femelles donnent naissance à un petit toutes les quelques années mais les jeunes restent avec leur mère jusqu’à l’âge de 8 à 13 ans.

Les chimpanzés, bonobos et gorilles vivent en famille tandis que les orangs-outans vivent seuls et ne se rassemblent que pour s’accoupler.

Tous les grands singes sont génétiquement très proches des humains. Les chimpanzés et les bonobos partagent jusqu’à 98,5 % de leur ADN avec les humains, les gorilles possèdent jusqu’à 98 % d’ADN en commun avec nous. Les orangs-outans, moins étroitement liés, partagent jusqu’à 96,5 % de l’ADN avec les humains.

phylogenie

Les espèces différentes

Chimpanzé (Pan troglodytes)

Pan troglodytesChimpanzee distribution

Habitat

Les chimpanzés sauvages ne vivent qu’en Afrique. On trouve les chimpanzés dans environ 21 pays africains, situés pour la plupart en Afrique centrale. Ils vivent dans les forêts pluviales équatoriales et les savanes africaines.

Biologie

Les humains et les chimpanzés partagent un ADN commun à 95 à 98%. D’un point de vue biologique, les chimpanzés sont plus proches des humains qu’ils ne le sont des gorilles.

Au parc national de Gombe, sur le site de recherche de Jane Goodall, les mâles adultes pèsent entre 45 et 55 kg. Ils mesurent environ 1,20 m lorsqu’ils sont debout. Les femelles sont légèrement plus petites. Les chimpanzés de l’Afrique de l’Ouest et ceux qui se trouvent en captivité peuvent être plus grands et les mâles peuvent peser jusqu’à 80 kg.

Comme les humains, les chimpanzés ont des pouces et des gros orteils opposables leur permettant de saisir des choses avec les pieds. Les chimpanzés ont une marche quadrupède dans laquelle les articulations des doigts fléchis des membres antérieurs sont utilisées. Leurs bras sont en effet plus longs que les jambes. On qualifie cette marche selon le terme anglais de « knuckle walking ». En de rares occasions, ils peuvent marcher debout sur de courtes distances.

Les chimpanzés sont diurnes et omnivores. Ils mangent des fruits, des noix, des graines, des fleurs, des feuilles et de nombreux types d’insectes. Parfois, ils chassent et mangent des petits mammifères comme des petites antilopes ou des singes. Les chimpanzés ont des goûts variés et peuvent vivre dans une multitude d’habitats, à la différence des gorilles et des orangs outans qui ont des régimes plus stricts.

Les femelles ont une gestation de huit mois et donnent naissance à un seul nouveau-né à la fois, bien que des jumeaux soient parfois observés. Les jeunes, dépendants, et leurs mères vivent ensemble les sept à dix premières années de leur vie où ils apprennent à toiletter, construire des nids dans les arbres, trouver de la nourriture et utiliser des outils. Les femelles donnent naissance tous les quatre à cinq ans. Quand une mère meurt, il arrive que ses enfants orphelins soient incapables de survivre seuls et ils peuvent être adoptés par leurs frères et sœurs plus âgés ; les petits abandonnés sont parfois adoptés par des chimpanzés ne faisant pas partie de leur famille. Il a également été observé que des mâles dominants adoptent un jeune orphelin.

Les jeunes chimpanzés ont une touffe de queue blanche qui disparaît après l’enfance. Leur visage est blanc, ce qui les rend très reconnaissables.

Les chimpanzés vivant dans la nature atteignent rarement l’âge de 50 ans. Par contre, les chimpanzés se trouvant en captivité peuvent vivre plus de 60 ans.

Comportement

Les chimpanzés communiquent beaucoup à la manière des humains – ils s’embrassent, s’étreignent, se tapotent le dos, se touchent les mains et se chatouillent. Ils peuvent même rire en jouant. Leurs cheveux se dressent en arrière quand ils sont en colère ou effrayés.

Une de ses vocalisations est le « halètement-hululement ». Chaque individu en possède un type particulier, de sorte que le chimpanzé peut être identifié avec précision par les autres membres de sa communauté.

Les chimpanzés se toilettent régulièrement les uns les autres, ce qui permet d’établir des relations au sein de la communauté et d’apaiser les tensions entre individus.

Les chimpanzés mâles se livrent à des démonstrations de force : leurs cheveux se hérissent afin de paraître plus grands, ils crient, tapent des pieds, traînent des branches ou lancent des pierres. Cela peut effrayer les autres chimpanzés et les dissuader de chercher querelle.

Les chimpanzés et d’autres espèces telles que certains oiseaux fabriquent et utilisent des outils. Les scientifiques ont longtemps cru que les humains en étaient seuls capables. Il s’avère que les chimpanzés utilisent plus d’outils à des fins plus variées que toute autre espèce à l’exception des humains. Ils utilisent des outils de différentes façons. Par exemple, on a pu observer les chimpanzés de la forêt de Taï (Côte d’Ivoire) occupés à casser des noix à l’aide de pierres, alors que ce comportement n’a pas été constaté chez les chimpanzés à Gombe.

Menaces

Les chimpanzés sont en voie de disparition. Il y a actuellement entre 172 000 et 300 000 chimpanzés à l’état sauvage. Dans les années 1960, on estimait leur nombre à un million d’individus. En raison de la destruction des habitats, de la chasse et des maladies humaines, leur population est en train de diminuer rapidement.

La pression sur leur habitat est due à l’exploitation des forêts pour l’industrie du bois. L’ancienne ceinture forestière continue équatoriale est morcelée aujourd’hui. L’exploitation minière et d’autres activités extractives sont également à l’origine de la perte de l’habitat, la construction de voies d’accès fractionne la forêt et empêche l’accès à la nourriture.

Enfin, la démographie humaine constitue également une menace pour les chimpanzés. Les humains pratiquent la déforestation dans un but agricole et chassent les chimpanzés pour vendre leur viande.

Les chimpanzés ne sont pas destinés à devenir des animaux domestiques : un individu arrivé à sa taille adulte est cinq à six fois plus fort qu’un homme !

Bonobo (Pan paniscus)

bonoboBonobo distribution

Habitat

Le bonobo, ou Pan paniscus, était précédemment appelé chimpanzé pygmée car il était considéré comme une sous-espèce du chimpanzé commun. Il s’agit en fait d’une espèce différente qui constitue le genre Pan avec le chimpanzé. On trouve les bonobos exclusivement en République Démocratique du Congo où ils forment une espèce endémique dans une zone de 500 000 km² entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï.

Comme le chimpanzé, les bonobos sont omnivores et vivent dans les forêts tropicales et marécageuses.

Biologie

Les bonobos sont plus petits que les chimpanzés et peuvent atteindre une taille de 70 à 83 cm pour un poids allant de 34 à 60 kg. Leurs têtes sont aussi plus petites avec des arcades sourcilières moins saillantes au-dessus des yeux. Les bonobos ont le visage noir avec des lèvres roses, de petites oreilles, des narines plus larges ainsi que de longs cheveux sur le dessus de la tête. Les petits présentent également un visage noir, ce qui les différencie des jeunes chimpanzés. Le bonobo a le haut du corps mince, des épaules étroites, un cou mince et des jambes longues en comparaison avec le chimpanzé commun.

Les bonobos vivent en groupes familiaux dirigés par des femelles qui, collectivement, dominent les mâles en formant des alliances. Les femelles utilisent la sexualité pour contrôler les mâles. En effet, le comportement sexuel des bonobos est très varié et omniprésent dans leur vie. Le sexe est utilisé pour apaiser les conflits et donner de l’affection, il définit la hiérarchie et le statut social et réduit l’excitation et le stress. Presque toutes les combinaisons de partenaires sont possibles et des positions différentes ont été observées. Les rencontres agressives entre mâles et femelles sont rares et les mâles se montrent tolérants envers les nourrissons et les jeunes. En outre, le primatologue Frans de Waal estime que les bonobos sont capables d’altruisme, de compassion, d’empathie, de patience, de sensibilité et de gentillesse. Toutes ces caractéristiques justifient le surnom de « chimpanzé hippie » donné aux bonobos.

Le bonobo se nourrit principalement de fruits, mais les feuilles ainsi que la viande de petits vertébrés (écureuils, céphalophes) et invertébrés font également partie de son régime alimentaire.

Menaces

On estime la population des bonobos à 29 000 à 50 000 individus. Leur population semble avoir fortement diminué au cours des trente dernières années. Ils sont répertoriés comme espèce en danger et figurent sur la Liste Rouge de l’IUCN. Les principales menaces sont la destruction de leur habitat par les populations et activités humaines ainsi que le braconnage pratiqué pour raisons économiques. La situation précaire de la République Démocratique du Congo en proie à de fréquents épisodes de violence, rend en outre la conservation des bonobos très difficile.

Le saviez-vous ?

Deux bonobos appartenant au Great Ape Trust (USA), Kanzi et Panbanisha, ont appris à communiquer au moyen d’un clavier muni de lexigrammes (des symboles géométriques) et peuvent répondre à des phrases parlées. Le vocabulaire de Kanzi se compose de plus de 500 mots anglais et il peut comprendre environ 3 000 mots anglais parlés.

Gorille (Gorilla gorilla and Gorilla beringei)

gorillaGorilla distribution

Habitat

Les gorilles sont les plus grands primates existants. Deux espèces ont été identifiées : Gorilla gorilla (gorille de l’Ouest) et Gorilla Beringei (gorille de l’Est), avec deux sous-espèces pour chacune. Ils habitent dans les forêts tropicales ou subtropicales de l’Afrique centrale et vivent au sol la plupart du temps. Ils ne montent que rarement dans les arbres car ils sont trop lourds.

Les gorilles sont répartis de façon inégale. On les trouve à différentes altitudes, comme les gorilles de montagne que l’on rencontre à des altitudes allant de 2 200 à 4 300 mètres dans les forêts brumeuses des volcans de Virunga. Les gorilles des plaines vivent pour leur part dans les forêts denses et les marécages des plaines et marais situés au niveau de la mer : ceux des plaines occidentales qui vivent dans les pays d’Afrique centrale de l’Ouest, et ceux des plaines orientales qui vivent en République démocratique du Congo près de la frontière rwandaise.

Les gorilles, comme tous les autres grands singes, sont menacés. La population existante des gorilles des plaines occidentales est estimée à plus de 100 000 individus à l’état sauvage et 4 000 dans les zoos. Les gorilles des plaines orientales ont une population de 4 000 individus seulement à l’état sauvage et 24 dans les zoos. Les gorilles de montagne sont les plus gravement menacés. On estime qu’il n’en reste plus que 640 vivant à l’état sauvage et plus aucun en captivité. Les êtres humains et leurs activités constituent la menace principale pour les gorilles.

Biologie

Les gorilles sont les plus grands primates existant actuellement. Les mâles pèsent 135 à 180 kg et les femelles adultes 68 à 113 kg. Les mâles peuvent atteindre 1,7 à 1,8 m de hauteur tandis que les femelles sont plus petites. Les gorilles ont un crâne large avec une mandibule qui dépasse les maxillaires. En outre, les mâles adultes ont une crête sagittale proéminente, c’est une crête osseuse au sommet du crâne.

Tous les gorilles de l’Est ont une fourrure noire, bien que ceux des montagnes aient les cheveux les plus sombres et épais parmi toutes les espèces. Les gorilles de l’Ouest peuvent être bruns ou grisâtres avec un front rougeâtre. Les gorilles de l’Est sont plus imposants, moins élancés et possèdent un visage plus long et une poitrine plus large par rapport que leurs homologues occidentaux. Un dos argenté est typique des gorilles mâles de plus de 12 ans ; ils sont nommés ainsi en raison de la masse de cheveux argentés qui apparaît sur leur dos à la maturité. Ils possèdent également des grandes canines qui viennent elles aussi à la maturité.

Le régime alimentaire des gorilles varie selon les espèces. Les gorilles de montagne se nourrissent principalement de bambous. Ils mangent surtout des feuillages comme des feuilles, tiges, racines et pousses tandis que les fruits représentent une très petite partie de leur alimentation. Les gorilles des plaines orientales ont un régime alimentaire plus diversifié qui varie selon les saisons. Les feuilles et les racines sont couramment consommées mais les fruits peuvent aussi représenter jusqu’à 25% de leur alimentation. Les gorilles des plaines orientales mangent aussi des insectes, des fourmis de préférence. Les gorilles des plaines occidentales se nourrissent davantage de fruits que les autres et ont moins accès aux herbes terrestres. Termites et fourmis sont également consommées.

Un gorille a une durée de vie qui entre 35 et 40 ans bien que les gorilles des zoos puissent vivre plus de 50 ans.

Reproduction

Les femelles deviennent matures à 10–12 ans et les mâles vers 11–13 ans. Lorsque les femelles gorille sont en chaleur, elles ne présentent pas de signaux sexuels aussi visibles que ceux présentés par les femelles chimpanzé ou bonobo. La période de gestation est de 8 mois et demi ; la femelle donne naissance à un petit à la fois à un intervalle de 4 à 5 ans. Les gorilles s’accouplent toute l’année. Les bébés gorilles sont vulnérables et totalement dépendants de leur mère. Les jeunes gorilles commencent à briser le lien avec leur mère dès cinq ans mais pour de courtes périodes seulement. Quand ils ont un an, la distance et la fréquence de séparation augmentent. Lorsque le jeune atteint deux ans, mère et jeune passent régulièrement du temps loin l’un de l’autre. Ils entrent dans leur période juvénile à la troisième année ; cette période dure jusqu’à leur sixième année. A partir de là, les gorilles sont sevrés et dorment dans un nid séparé de leur mère. C’est à ce moment que les femelles ovulent à nouveau et peuvent être à nouveau enceintes.

Comportement social

Les gorilles vivent en groupes, appelés « troupes », composés généralement d’un mâle adulte (dos argenté), de plusieurs femelles et de leur progéniture. Des troupes composées de plusieurs mâles ont également été observées. Tant les mâles que les femelles ont tendance à s’affranchir de leur groupe natal. En ce qui concerne les gorilles de montagne, les femelles ont davantage tendance à s’éloigner de leur troupe natale que les mâles. Le dos argenté est le centre d’attention de la troupe : il décide, détermine les orientations et prend les décisions concernant l’emploi du temps quotidien. Il dirige les autres vers les sites d’alimentation et assume la responsabilité de la sécurité et du bien-être de la troupe. Les mâles plus jeunes (âgés de 8 à 12 ans) sont appelés blackbacks car ils sont dépourvus de cheveux argentés et peuvent servir de protection de secours. La société des gorilles est bien définie et est basée sur le lien unissant le dos argenté à ses femelles. Les liens sont entretenus au moyen du toilettage et de la proximité. Le mâle a généralement un lien fort avec les femelles, alors que les femelles ont différents types de relations entre elles. Si elles sont liées par la maternité, elles ont tendance à être amicales les unes envers les autres, mais quand ce n’est pas le cas, elles se montrent le plus souvent agressives.

Les femelles peuvent entrer en concurrence pour bénéficier destrong l’« accès social » aux mâles. Cet accès social est important, car il permet d’augmenter les chances d’accouplement et de se protéger des prédateurs et des mâles infanticides extérieurs. Quand un mâle au dos argenté prend en charge le harem d’un autre argenté (lorsque celui-ci est trop vieux ou trop faible pour diriger le groupe pour cause de maladie), l’infanticide peut se produire (les jeunes sont alors tués). Lorsque l’infanticide a eu lieu, les femelles sont à nouveau en chaleur et peuvent tomber enceintes du nouveau chef plus rapidement. Quand un mâle au dos argenté meurt, soit les mâles se disputent la domination du groupe, soit celui-ci se disloque et les femelles vont rejoindre d’autres groupes.

Si le gorille est dérangé, il se montre menaçant en frappant sa poitrine. Les choses en restent là la plupart du temps. Le tambourinage avec les mains sur la poitrine et l’émission de cris stridents permettent aux gorilles de chasser les ennemis mais aussi de montrer aux autres qui dirige.

Un gorille ne vous fera pas de mal sauf si vous le regardez droit dans les yeux, auquel cas il se sentira menacé.

Intelligence

Les gorilles sont considérés comme très intelligents. Quelques individus en captivité, tels que Koko, ont pu apprendre un sous-ensemble du langage des signes. Comme les autres grands singes, les gorilles peuvent rire, pleurer, avoir des « vies affectives intenses », établir des liens familiaux puissants, fabriquer et utiliser des outils et réfléchir au passé et à l’avenir.

Le saviez-vous ?

  • Les parents les plus proches des gorilles sont les chimpanzés et les humains, tous les hominidés ayant divergé de leur ancêtre commun il y a environ sept millions d’années. Les gènes humains ne diffèrent que de 1,6% en moyenne de ceux des gorilles dans leur séquence, mais il y a toutefois plus de différence dans le nombre de copies de chaque gène.
  • Les gorilles boivent rarement de l’eau car ils sont déjà hydratés par la végétation luxuriante et la rosée du matin. On a toutefois pu observer quelques gorilles de montagne et de plaine occupés à boire.
  • Pendant des années, on a surtout étudié les gorilles des montagnes. Ce n’est qu’au cours de la dernière décennie que des recherches ont été menées sur les gorilles des plaines occidentales. Celles-ci ont montré qu’il existe de nombreuses différences entre les gorilles des montagnes et ceux des plaines occidentales. Ainsi, en se basant sur des études menées sur les gorilles des montagnes, on pensait que tous les gorilles craignaient l’eau. Des recherches plus récentes ont cependant permis d’établir que les gorilles des plaines occidentales s’immergent fréquemment jusqu’aux épaules et mangent des plantes aquatiques. Les aspersions d’eau constituent d’ailleurs un moyen d’impressionner les autres, remplissant ainsi une importante fonction sociale.

Orang-outan (Pongo pygmaeus and Pongo abelii)

orang-oetanorangutan distribution

Habitat

Les orangs-outans sont les seuls grands singes vivant en dehors de l’Afrique. Ils habitent les somptueuses forêts tropicales humides de l’Indonésie et sont divisés en deux espèces : Pongo pygmaeus ou orangs-outans de Bornéo et Pongo abelii ou orangs-outans de Sumatra. Ces deux espèces sont les seules qui subsistent dans la sous-famille Ponginae. Cette famille comprenait d’autres espèces dans le passé tel que le plus grand primate jamais connu, le Gigantopithecus, dont la taille pouvait atteindre trois mètres selon les estimations.

« Orang-outan » signifie « personne de la forêt » en malais et en indonésien.

Les orangs-outans passent presque tout leur temps dans les arbres mais comme d’autres grands singes, leur habitat est dégradé par l’activité humaine. Les forêts sont notamment transformées en plantations de palmiers à huile. Ils sont aussi victimes du trafic d’animaux.

L’orang-outan de Bornéo est classé comme animal en voie de disparition et celui de Sumatra comme espèce en danger critique. Les estimations menées entre 2000 et 2003 ont révélé qu’il restait 7 300 orangs-outans de Sumatra et entre

45 000 et 69 000 orangs-outans de Bornéo à l’état sauvage.

Biologie

Les orangs-outans ont une fourrure brun-rougeâtre. Les orangs-outans de Bornéo diffèrent par leur couleur de leurs homologues de Sumatra. Leurs cheveux sont plutôt rouges-bruns tendant vers le noir tandis que les individus de Sumatra sont de couleur orange plus clair et ont des cheveux drus.

Ils sont parfaitement adaptés à la vie dans les arbres : leurs bras sont environ deux fois plus longs que leurs jambes et extrêmement robustes. Leurs mains et pieds sont idéalement adaptés pour l’escalade. Leurs doigts et orteils sont si longs qu’ils doivent les replier en marchant. Contrairement aux gorilles et aux chimpanzés, les orangs-outans ne marchent pas sur leurs phalanges (knuckle-walking en anglais), mais sur leurs poings (fist-walking).

Ils peuvent atteindre 127 cm pour les femelles et 175 cm pour les mâles. Ils pèsent entre 45 kg (femelles) et 118 kg (mâles). Le dimorphisme sexuel, le fait que les mâles et les femelles ne se ressemblent pas et puissent donc être aisément identifiés, est marqué par la présence d’un sac laryngien, poche située à la gorge du mâle, qui lui permet de faire des appels bruyants pouvant être entendus jusqu’à une distance de 17 kilomètres dans la jungle. Ils possèdent également un disque facial, excroissances charnues de chaque côté du visage qui montre leur domination et sert à attirer les femelles et à intimider les adversaires. De plus, les mâles sont caractérisés par une barbe et un très long manteau de poils dorsaux.

Les jeunes mâles ne possèdent pas ces caractéristiques et ressemblent aux femelles adultes. Seuls les mâles résidents qui dominent un certain territoire, y contrôlent la nourriture et les femelles et qui possèdent un niveau élevé de testostérone développent des coussinets aux joues : ils sont alors appelés mâles à disque facial. Les mâles sans disque facial ne développent ces caractéristiques qu’en l’absence d’un mâle résident.

L’alimentation des orangs-outans est essentiellement constituée de fruits. Cependant, ils se nourrissent aussi de feuilles, d’écorce, de miel, d’insectes et d’œufs d’oiseaux.

En ce qui concerne la reproduction, les mâles sont matures vers 15 ans et partent alors à la recherche d’une femelle. Les mâles résidents peuvent former avec les femelles des relations qui peuvent durer des jours, des semaines voire des mois après la copulation. La gestation dure neuf mois et les femelles donnent naissance à un descendant à la fois tous les huit ans. Il s’agit là de l’intervalle de temps entre les naissances le plus long parmi les grands singes ! Le premier bébé naît lorsque la mère a entre 14 et 15 ans. Les femelles se chargent presque entièrement des soins et de la socialisation des jeunes et bénéficient souvent de l’aide de leur progéniture plus âgée.

Jusqu’à l’âge de deux ans, le jeune est totalement dépendant de sa mère. Dès deux ans, ses capacités de grimpeur s’améliorent et il commence alors à explorer la canopée et à sociabiliser avec d’autres individus. La longévité des orangs-outans est de plus de 30 ans, aussi bien dans la nature qu’en captivité.

Comportement

L’orang-outan est le plus solitaire des grands singes ; les liens sociaux se nouent principalement entre les mères et leurs petits qui restent constamment ensemble durant ses deux premières années de vie. Bien qu’ils soient les moins sociables des grands-singes, les individus interagissent néanmoins. Ils maintiennent un contact social intense avec leurs voisins à travers l’odeur ou le son. Ce faisant, l’orang-outan se distingue de tous les autres grands singes qui vivent en groupes permanents avec une hiérarchie forte.

Les sociétés d’orangs-outans sont constituées d’individus résidents et transitoires des deux sexes. Les femelles résidentes vivent avec leur progéniture à l’intérieur d’espaces vitaux définis chevauchant ceux d’autres femelles adultes qui peuvent être des parents proches. Un ou plusieurs territoires de femelles résidentes sont englobés dans le domaine vital d’un mâle résident étant par ailleurs le principal partenaire d’accouplement. Les mâles et les femelles transitoires se déplacent à grande échelle. Les orangs-outans forment également des groupes mobiles se déplaçant entre les différentes sources de nourriture. Ces groupes sont habituellement constitués de quelques individus seulement. Ils peuvent également consister en un couple unissant un mâle adulte et une femelle.

Les orangs-outans comptent parmi les primates les plus intelligents ; ils utilisent nombre d’outils sophistiqués et construisent chaque nuit des nids à l’aide de branches et de feuillages. Les orangs-outans ont mis au point des outils destinés à la recherche de nourriture. Parmi ceux-ci, des outils pour l’extraction d’insectes au creux des arbres et des outils pour la récolte des graines de fruits à coque. En outre, il a été établi que les orangs-outans sauvages de Bornéo avaient recours à des feuilles pour amplifier le son de leur grincement. Cet outil de communication acoustique est utilisé pour tromper l’auditeur en lui faisant croire que le son provient d’un individu plus grands que ce qu’il n’est réellement.

Par ailleurs, une étude datant de 2004 menée sur deux orangs-outans du zoo de Leipzig a démontré qu’ils sont la première espèce non humaine capables d’utiliser la « réciprocité calculée » qui implique d’évaluer les coûts et les avantages des échanges de cadeaux et d’en garder une trace au cours du temps.

Le saviez-vous ?

Le génome de l’orang-outan de Sumatra a été séquencé en janvier 2011. Après les humains et les chimpanzés, les orangs-outans de Sumatra sont la troisième espèce d’hominidés dont le génome a été séquencé.

En dépit de leur apparence inquiétante, ils sont en fait des animaux très pacifiques qui ne s’attaqueront jamais à d’autres animaux ou à des humains. Un orang-outang sujet à une attaque quittera les lieux plutôt que de se battre.